Informations sur l'ascension
Avant de partir en montagne !
La montagne est un secteur très dangereux, surtout si l'on n'y est pas préparé. Je ne parle pas uniquement de préparation physique, même si elle est évidemment nécessaire, mais également de tous les autres aspects :
- Météo
- Matériel
- Conditions d'enneigement
Les randonnées et ascensions que je vous propose nécessitent que vous ayez pris toutes vos précautions, recueilli les informations nécessaires, rassemblé le matériel adéquat, et que vous n'ayez pas surestimé vos capacités !
Je ne peux que trop vous conseiller de bien lire ces articles ainsi que mes tutoriels montagne.
Mon ascension
Fin mai, me revoilà en vadrouille avec mon petit van, direction le Jura. Je recommence à me remettre sérieusement en jambes. La haute montagne étant encore bien enneigée à cette époque, je cherche des itinéraires d'altitude moyenne mais quand même bien costauds. Et je tombe sur le Reculet : deuxième plus haut sommet du Jura (1 717 m), 1 100 m de dénivelé depuis Tiocan, et un tracé court et intense — 5,5 km seulement pour monter. Une vraie grimpette.
Je décide donc de m’y frotter. La pente est rude dès le départ, ça tire vite dans les mollets. Heureusement, la forêt est magnifique, et plus on monte, plus les paysages s’ouvrent. Malheureusement, pas de vue sur le Mont-Blanc ce jour-là : trop couvert. Mais la vue sur Genève et le bassin lémanique valait déjà bien l’effort.
Et puis il y a cette fameuse croix au sommet, emblématique, visible de loin. Ce n’est pas juste un repère religieux posé là pour bénir les randonneurs, non : elle a une vraie histoire… et même une dimension un peu trollesque.
Un troll en fer de 1892
Retour en 1892. À l’époque, la France digère encore la défaite de 1870, la République devient franchement laïque, et ça ne passe pas très bien chez tout le monde, surtout dans les campagnes. À Thoiry, petit village de l’Ain, le curé de l’époque, l’abbé Monnet, décide de faire passer un message : pour affirmer haut et fort l’attachement à la foi catholique (et un peu pour provoquer les républicains laïcs, soyons honnêtes), il lance l’idée de planter une immense croix tout en haut du Reculet.
Pas une petite croix en bois, non. Une croix de dix mètres de haut, en fer, avec 2 800 rivets. Une œuvre de 1 600 kilos forgée par un maréchal-ferrant local, puis… portée à dos d’homme jusqu’au sommet. Quatre costauds du coin ont relevé le défi : Faustin, Aimé, Auguste et Louis. Respect éternel à ces gaillards.
La croix fut érigée le 4 août 1892, et bénie en grande pompe deux jours plus tard, lors d’une cérémonie réunissant près de 3 000 personnes. Oui, tu lis bien. 3 000 personnes au sommet d’une montagne pour une messe. Le troll grandeur nature était réussi.
Depuis, elle veille sur le Jura, et elle a même été restaurée pour son centenaire, en 1992. Une plaque commémorative a été posée et des festivités organisées — repas, fanfare, messe, et même un tampon spécial pour les courriers envoyés depuis Thoiry pendant trois mois. Carrément.
En résumé
Le dénivelé est costaud, la descente tape bien dans les cuisses, et il faut une bonne condition. Mais pour les amoureux d’histoire, de paysages grandioses (quand le ciel est dégagé !) et de randos qui ont du caractère, c’est une pépite.
Et puis bon… grimper sur une montagne pour découvrir un troll religieux de 1892, franchement, c’est pas banal.